« Contexte;

(c) Jasper™

H U S T O N , T E X A S
Le 6 Janvier 2001 || 16 ans
SUR LA ROUTE

« Ma tête me fait horriblement souffrir. On aurait dit qu’un camion s’était amusé à me marteler le cerveau. C’était presque le cas … Je ne me souvenais plus de grand chose ; Qui étais-je, où étais-je et pourquoi je ne sentais plus mes membres bouger étaient des questions qui n’avaient malheureusement aucune réponse logique pour moi. Je ne comprenais pas, j’étais complètement désorientée. Si on m’avait expliqué ce qui s’était passé, je ne l’aurais probablement pas cru. À ce moment-là, tout ce qui m’inquiètait était de voir une immense tâche de sang flotter sur ma robe. Et puis, j’eu un flash, comme on en a dans nos derniers instants. Sauf que cette fois, au lieu de voir ma vie défiler devant moi, je voyais à présent ce qui venait de se passer. J’étais assise dans la voiture, côté conducteur. Étant une conductrice peu experimentée au volant, j’avais appris quelques leçons vite faites avant de pouvoir enfin conduire. À mes côtés, ma sœur riait de moi, ce qui me déconcentrait encore plus. Mon père et ma mère, quant à eux, me faisaient n sourire bienveillant; ils avaient confiance. Nous avons pris la route, la famille réunie au grand complet. Pour la première fois depuis 16 ans, nous pouvions dire avec fierté que nous avions fait une activité familiale. Quelques instants plus tard, je me retrouvais coincé dans ma ceinture, prise sous une tonne de métal. Nous venions de faire un accident.

« Noooon ! »

Je venais de voir quelque chose qui me traumatiserait pour le restant de mes jours ; ma mère et mon père, étendus sur une marre de sang. Alors que j’essayais veinement de me sortir de cette impasse, je criais à tue-tête. C’était impossible, je ne le voulais pas. Mes parents devaient survivre, c’était la moindre des choses. Après tout, cet accident avec été causé par moi et moi seul. Ils ne méritaient pas ce qui leur arrivait. Réussissant lentement à me libérer, je m’approcha le plus rapidement possible des corps inertes. En venant à la seule conclusion logique, j’éclata en sanglot. Aujourd’hui, ma mère et mon père venaient de trouver la mort par ma faute.

« Nastia ! »

C’était mon nom. Mais c’était aussi la voix de ma sœur qui criait au loin comme une furie. Réalisant soudainement que je n’étais pas seule au monde, je me repris. Ma petite sœur avait besoin de moi et quoi qu’il arrive, je devais tout faire pour la sauver, quitte à risquer ma vie pour elle. Me faufillant parmi les débris, laissant par le fait même seul les corps inertes de mes défunts parents, je m’approchait des cris. J’aurai au moins fait une bonne action avant de mourir. Elle était là, du sang coulant de sa jambe. À part sa jambe qui devait lui faire atrocement souffrir, elle semble n’avoir rien d’autre à prime abord. Malgré tout, elle restait coincée dans la ceinture de sécurité. Lui soufflant quelques mots de réconforts, j’entrepris de la sortir de ce pétrin. C’est ainsi que je réussi à sortir ma sœur de la voiture, quelques minutes seulement avant que cette dernière n’explose. »

À L’HÔPITAL

« Dans une chambre probablement minable d’un hôpital de Huston, j’essayais d’entendre ce qui était dit à la télévision. Portant un badage sur mes yeux depuis mon arrivée à l’hôpital, ma vue était complètement obstruée. Bien que non-voyante durant un certain temps, j’appris tout de même à me fier à mes autres sens. Mon ouïe, par exemple, semblait s’être développée au fil des semaines. Bien que je ne voyais rien pour l’instant, je savais pertinemment que ma sœur était à mes côtés, dans la chambre. De son côté, elle avait une jambe cassée, mais sans plus. Elle avait eu hier sa permission de sortie. Mais moi, je devais rester, ordre du médecin chirurgien le plus réputé en ville. Mes yeux me faisaient souffrir, atrocement, mais les médecins disaient que c’était normal. D’ici quelques jours, je pourrai enlever ce bandage et retourner à ma vie normale. Normal ? Non, elle ne sera jamais plus normale … »

H U S T O N , T E X A S
Le 6 Janvier 2009 || 24 ans
DANS MA VIE DE TOUS LES JOURS

« Voilà maintenant huit ans, jour pour jour. Huit ans que mes parents sont décédés dans un accident de la route, causé par moi, et huit ans que je me sens intruse partout où je vais. Je me souviens encore de ces moments, comme si c’était hier. Les moments où j’étais dans la norme, où je n’avais pas à me soucier de ce qui se passait autour. Lorsque les médecins ont enlevé mes bandages, huit ans plus tôt, je ne me situais alors plus dans la norme. J’avais maintenant dépassé ce seuil de normalité et d’insoucience. Je voyais désormais des choses que peu de personne pouvait comprendre. Je me sentais seule au monde. Ce qui s’est passé ? J’ai réalisé que jamais je ne pourrais revenir comme avant et que je devrais désormais vivre avec ce nouveau don, don que je ne voulais absolument pas. J’aurai pu le donner à n’importe qui, ça m’était égal. En autant que je puisse retrouver ma petite vie tranquille. »

Citation :: Un fantôme est une créature surnaturelle, une vision que l'on a interprétée comme la manifestation de l'esprit d'un mort, qui serait resté prisonnier sur Terre ou reviendrait de l’Au-delà soit pour accomplir une vengeance, soit pour aider des proches ou pour errer éternellement sur Terre en punition de ses mauvaises actions passées.

« Même encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à le croire. J’avais regardé sur Wikipédia et c’était le résultat de mes recherches. J’avais alors passé de nombreuses semaines, voir même de nombreux mois, à ignorer mes nouveaux dons et à ignorer le fait que je voyais des êtres décédés. Et puis, j’avais muri et j’étais devenu fière de ce que j’étais. Avec les années, j’appris à me servir de ce don et à aider ceux qui en avaient besoin. Peut-être que je ne changeai pas le cours des choses pour les vivants, mais je mettais mon grain de sel dans l’humanité en aidant les êtres coincés sur Terre. Bien que j’en sois fière, j’eu toujours de la difficulté à en parler autour de moi. Je sais bien ce que les autres pourraient en penser, l’ayant moi-même déjà pensé auparavant. Malgré tout, j’ai aussi appri que je n’étais pas seule, ce qui me rassure au plus haut point. Cependant, c'est avec discretion que nous réussissons à survivre … »

P H O E N I X , A R I Z O N A
À PHOENIX, DE NOS JOURS

Nous sommes maintenant nombreux, un nombre d’individus qui n’a jamais réussi à être totalement défini. Personne ne sait réellement combien nous sommes ni de quel côté chacun d’entre nous sommes. Bien que la majorité d’entre nous aient décidé de mettre leur don à profit des êtres dans le besoin, certains préfèrent rester du côté du mal, ce qui nous met de nombreux bâtons dans les roues. Par le fait même, nous ne savons jamais réellement sur qui nous pourrions tomber et ainsi, cela nous donne lieu à de nombreux questionnements. Pourquoi nous ? Certains d’entre nous ont ce don depuis la naissance, d’autres l’ont développé au cours des années. Quoi qu’il en soit, le choix de chacun reste personnel et c’est pourquoi nos destinés sont différentes, tout en s’unissant. Qui gagnera ce combat ? Parmi les êtres décédés, nous nous sommes rendu compte que environ la moitié d’entre eux ne désirent pas être secouru. Par le fait même, nous les avons inconsciemment placés parmi le côté opposé, celui du mal. C’est un combat, dur et pénible, ou un seul côté gagnera …

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